J'ESSAIE DE SUIVRE


Le regard titubant comme la démarche, pas le genre de client qu’on souhaite à minuit passé. Et quand il demande une double vodka orange on se méfie beaucoup. Mais quand après avoir défoncé la vitrine des montres en reculant hasardeusement il vous pointe un flingue dans une direction approximative on commence à avoir peur et franchement la trouille. Voila qu’il demande la caisse, en se dirigeant vers le tabac/jeux qu’a cette heure j’étais le seul à tenir. Je n’étais pas sûr de pouvoir retenir tout mes fluides corporels, mais un examen ultérieur m’a démontré que j’avais été à la hauteur de la situation. Rien d’irréversible sauf une transpiration abondante dont je ne me suis délivrée qu’une demi-heure plus tard. En tout cas je lui ai gentiment filé la caisse, un gentil paquet d’après moi. Une erreur du patron qui aurait du. Le problème avec les « aurait du » c’est qu’ils peuvent se multiplier à l’infini si on a quelques affinités avec l’introspection ou peut être devrais je dire rétrospection. On a appelé le commissariat, les derniers clients se sont tous barrés, et on a tous été gentiment cuisiné jusqu'à deux heures. Après confrontation entre nous nous avons pu définir assez bien le profil de l’individu, les flics ne sachant que poser des questions nous ne pourrons sans doute jamais savoir le résultat de leurs cogitations. Nous savions qu’il trainait dans le coin depuis quelques temps, image invisible des détresses, des inadéquations, ou des violences inextinguibles. La reprise du lendemain à six heures fut difficile, les visages familiers m’avaient comme un air patibulaire. Heureusement Maryse possède le bienfaisant pouvoir de relativiser positivement, ce qui lui est surement hautement bénéfique vu sa condition précaire, mais m’a été d’un grand secours ce matin là. Finalement je lui ai fait un peu de gringue comme un remerciement et par ce que je l’aimais vraiment bien. Elle m’a jeté gentiment, ayant surement compris mes motifs cachés. Remarquez, elle est pas mal Maryse ce qui est sans doutes à l’origine de ses emmerdes. Je ne sais quand les femmes pourront être délivrées de cette sorte de malédiction qu’est leur apparence physique. Les hommes aussi sont les sujet de cette discrimination stérile mais jusqu’ a quelques décennies ils pouvaient user de moyens moralement inavouables. Reste que je suis sûr que c’est une bonne affaire au lit, Maryse. Elle a des formes ou j’aime et un sourire parfois engageant. Bon, mais je ne suis qu’un vieux con auquel on peut tout dire sans penser à la bagatelle. Mais un homme pense toujours à la bagatelle. Les femmes commencent timidement à l’avouer me semble-t-il. Enfin ces considérations ne m’empêchent pas de flasher sur une superbe quinquagénaire qui malencontreusement choisi de s’installer à l’autre bout de la salle. Je ne la vois plus qu’au bout du bar ou je ne puis rester très longtemps et pour tout dire très brièvement. Elle a vraiment de la classe et ne restera qu’un souvenir de plus pour mes heures nostalgiques.

Commentaires

Siréneau a dit…
Ah ah je t'imagine filant la recette au malfrat! Tiens ce week-end j'ai vu un film intimiste où le réalisateur avait tout de même placé un petit hold-up dans l'épicerie du papet, ça m'a fait marrer, mais au prix où sont les clopes, bientôt ce sont les paquets qui seront braqués.
Sacrée Maryse :)

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