DEPUCELAGE


J’avais juste dix-neuf ans et un siècle ou deux de frustrations, elle n’était pas beaucoup plus âgée que moi, un peu rondelette avec un sourire charmant (et non pas invitant). J’avais du tricher encore et encore avec l’argent du tabac de mon père et l’assentiment non formulé de ma grand-mère. Cette chère femme dont j’ai presque tout appris, y compris qu’a soixante quinze ans ont pouvait avoir encore envie d’un homme. Malheureusement cette révélation m’est venue trop tard, je n’ai jamais vraiment compris comment une femme pouvait avoir envie d’un homme. Un corps parfait contre une moquerie divine, qui ne pourrait choisir la femme ? Celle là trainait encore, ou déjà, aux alentours du temps des rentées en classe. Bref je me suis enquis du tarif de la dame de la rue (je n’aime pas le mot prostituée, ni plus encore pute). L’affaire ne fut pas longue, j’avais tant à voir et à regarder, et tant à sentir. C’était bon et chaud et rapide, je n’aurais aucun moyen de la reconnaitre, et pourtant. Il ne m’en est resté qu’une immense tendresse pour ces dames de la rue. Et même si certaines sont un peu trop acariâtres, je n’ai aucun regret à formuler . Dépucelé par une dame de la rue ne doit pas être si extraordinaire.

Commentaires

Siréneau a dit…
Peu de gens savent aussi bien en parler, elle n'était qu'une ombre, une ombre de la rue et depuis la tienne est facétieuse;)

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