DUBAï, LES VRAIES QUESTIONS

Dubaï, des travaux pharaoniques qui forcent l’admiration. Ils ont commencé petit , puis un rien plus grand, et l’ultime . Délire mégalomaniaque, préservation de l’émirat après la fin des réserves de pétrole prévue aux environ de 20016, ou vision pertinente de la structure du monde futur ? On peut supposer un peu des trois d’autant que les préoccupations écologiques de l’émir n’ont pas facilité les travaux. Il est à noter que contrairement aux craintes de certains écologistes coincés, ces iles de rocs et de sable surgies de la mer ont plutôt constituées des bases de fixation et de développement de la faune et de la flore sous marine permettant tous les espoirs. Dans le même esprit tout les systèmes de production d’énergie, production d’eau douce, irrigation des pelouses (il faut bien pouvoir jouer au golf), traitement des déchets sont résolus écologiquement et sans faire appel à ce pétrole qui va bientôt manquer. Tout ceci coûte une fortune que les acquéreurs de ces iles miraculeuses sont tous prêts à honorer. Et oui toutes ces iles sont à vendre et certaines ont déjà vendues, l’Irlande, l’Australie et d’autres encore, ça continue.
Au delà de cette gentille carte postale pour rêveurs très fortunés, que nous indique cette débauche de moyens et de travail, dont on se demande bien par ailleurs comment les entreprises concernées vont bien pouvoir se dépatouiller, une fois le projet terminé, sans licenciements massifs directs ou induits. Dubaï construit un ilot de loisir de luxe pour clients riches mais en même temps un centre d’affaire incontournable pour ces mêmes clients. On pourrait croire que le monde se coupe définitivement en deux. Ce serait oublier qu’il faut un lien entre les nantis et les corvéables, la fameuse classe moyenne, essentielle pour assurer un assentiment général, ou plus familièrement pour huiler les frottements. Et je pense alors à cette Inde des castes toujours en cours, bien qu’un peu en perte de vitesse. La grande force de notre capitalisme adoré, contrairement au système hindous, c’est d’entretenir l’espoir tenu mais véritable de gravir les échelons et peut importe les moyens si ça marche. Tout étant pour le mieux dans le meilleur des mondes il reste une question primordiale : quels sont les envies, les espoirs, les rêves mais aussi les actions dans ce sens de ces riches à pouvoir s’acheter une ile artificielle image d’un pays entier ou de passer quelques nuits dans cet hôtel à un tarif qu’un smicard ne pourrait s’offrir une seule nuit en bossant une année entière?
Huit cent millions d’hommes de femmes et d’enfants meurent de faim tous les ans pendant que certains jouent encore aux dieux, mais mortels pour encore quelques temps. La justice ne fait pas partie de notre univers sinon nous le saurions depuis longtemps. Les religions ne sont que des instruments de pouvoir absurdes. Depuis 200 000 ans au moins que l’homo sapiens existe tous ces hommes sont –ils damnés pour l’éternité faute d’avoir connu Jésus, Allah ou Bouddha ? Entre temps ils ont pourtant construit toutes les bases de notre civilisation : l’écriture, le commerce, la navigation, un embryon de sidérurgie, les bases des mathématiques, une cosmologie honorable, une philosophie encore pertinente. Mais venus trop tôt, sont-ils perdus dans les enfers barbares ?
Supposons maintenant que ces milliardaires, billionnaires (seulement aux US), débonnaires (là c’est une erreur), Téra millionnaires, voire Péta millionnaires récoltent enfin le fruit de leur dur labeur. Une petite immortalité à l’échelle de l’univers, c'est-à-dire des milliards d’années, ils ne sauraient plus être humain, au minimum des rafistolages périodiques au maximum des remplacements intégraux si faciles qu’en général on ne sait plus vraiment ce qu’on était hier. Alors on retrouve les dieux grecs se battant comme des chiffonniers et un illuminé pour prétendre que dieu est unique, peut être, mais les chiffonniers sont toujours en guerre.
Mon rire est triste car je suis encore un homme.