TOUT LE MONDE PUE
La vieille puait, c’était incontestable pour quiconque n’avait pas une affection nasale n’ayant d’autre but que celui de ne pas sentir. Le premier signe du désintérêt et pire encore celui de l’ignorance méprisante. Je me souviens encore de ses haltes de vieillesse en montant la petite cote qui le ramenait chez elle. Cette odeur, de loin pas insupportable, n’était que le signe de son passage. Le signe de sa vie persistante envers et contre tous. Je suis souvent passé devant chez elle, une pauvre baraque au fond d’un jardin en friche. Je n’ai jamais affronté son regard tant mes frayeurs imbéciles voilaient mes regards hésitants. Je ne l’ai rencontrée qu’une fois ou deux (ou trois pourquoi pas) chez l’épicière du coin. En ce temps là il y avait encore des épicières, et même si je n’ai rien contre les arabes il m’arrive de regretter ces longues attentes derrière ces femmes quasi séniles pour enfin être servi par cette brave femme plus que rondelette. Ma vision s’étant altérée avec l’âge j’aurais tendance à ne plus voir autant de femmes séniles et à passer outre les rondeurs inopportunes. La vieille ne puait pas tellement plus de près que de loin, mais personne ne mouftait même si tous aspirait à son départ imminent. Rien ne changeait d’ailleurs vraiment sauf le souffle d’une respiration trop longtemps contenue.
Elle est morte un jour que j’ignore, aux plus grands plaisirs de ses héritiers dont le terrain valait maintenant une petite fortune. Il me plairait qu’elle n’ai pas eut d’héritier, va savoir pourquoi ?
Commentaires